Appareiller sous le soleil, revenir dans la tempête

« La navigation à voile, lors de la remontée du fleuve à partir de l’océan est assez dangereuse en raison des nombreux bancs de sable qui, parfois se déplacent. […] les Français peuvent considérer avec raison le Saint-Laurent comme un bastion avancé du Canada, car y naviguer sans pilote est une chose quasiment irréalisable. »

– Pehr Kalm, naturaliste finlandais, milieu du XVIIe siècle –

Le fleuve est un axe de développement incontournable par lequel arrive quotidiennement une importante quantité de marchandises. Si sa beauté émerveille, les dangers qu’il réserve aux navigateurs sont multiples et gare à celui qui joue les cartes de l’imprudence. Sur ses flots, bien des situations peuvent survenir auxquelles les marins doivent s’adapter rapidement.

Du fait de sa largeur et de sa position géographique, le fleuve subit les conséquences directes de sa connexion avec l’estuaire, le golfe et l’océan Atlantique.

Les Marées et les Courants

Les marées affectent le niveau d’eau quatre fois par jour et elles varient d’une hauteur moyenne de 6 mètres près de Québec. S’ajoutent les courants qui peuvent atteindre dans certaines zones une vitesse de 6 nœuds (11 km/h). L’effet des marées cesse de se faire sentir à Trois-Rivières. Si les courants profitent aux navires qui voguent dans le même sens, ils peuvent aussi les faire dévier sournoisement du chenal de navigation. Cela implique donc que les pilotes doivent très bien les connaître.

Banc de brume approchant un porte-conteneurs sur le lac Saint-Pierre
Coll. CPSLC

Tempête hivernale au changement de pilote
Coll. CPSLC

Des conditions météorologiques changeantes

Sur le fleuve, les pilotes qui appareillent sous le soleil doivent souvent adapter leur navigation pour faire face aux revirements soudains. Vent, brouillard, pluie et orage peuvent réduire la visibilité jusqu’à la rendre nulle en quelques minutes! En période hivernale, ce sont la neige, les glaces et la fumée de mer qui compliquent les déplacements.

Des îles et autres écueils

La présence de milliers d’îles et d’îlots auxquels s’ajoutent hauts-fonds, écueils et rochers rendent périlleuse la navigation de l’entrée du golfe du Saint-Laurent jusqu’à Montréal.

Le navire H.M.S.THRUSH, île Saint-Hélène, vers 1890 Photographie : Wm. Notman & Son
Coll. Musée McCord

Le navire H.M.S.THRUSH, île Saint-Hélène, vers 1890 Photographie : Wm. Notman & Son
Coll. Musée McCord

Un chenal de navigation étroit

Dans un chenal maritime dont la largeur moyenne est de 245 mètres, dont la profondeur moyenne est de 11,3 m et où de grands navires se croisent, il n’y a pas de place pour l’improvisation. Imaginez, les navires sont souvent plus longs que la largeur du chenal ! De plus, les navires les plus chargés ont à peine plus d’un mètre sous la coque lorsqu’ils transitent entre Québec et Montréal.

Pour naviguer de façon sécuritaire et responsable, il faut des experts pour qui les soubresauts d’un fleuve imprévisible n’ont pas de secret : les pilotes maritimes !

Des travaux de dragage nécessaires…

Avant 1952, bien que les navires y transitant étaient plus petits, le chenal ne faisait que 9,1 m (29 pi) de profondeur et 140 m (459 pi) de largeur. Entre 1954 et 1999, une série de travaux de dragage est réalisée pour obtenir une profondeur de 11,3 m (37 pi).

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